mardi 20 décembre 2016

Il était une fois O'maha



J'ai du prendre la décision que je redoutais, mais le moment était venu de la laisser s'en aller, en douceur, et la voix "naturelle" ne l'était malheureusement pas.


Sa dernière gamelle était celle de jeudi dernier à 12h, qu'elle a fini. Elle a refusé toutes celles qui ont suivi, et a seulement mangé environ 10g samedi et 10g dimanche. J'ai éclaté en sanglots au retour de mes parents dimanche soir. J'avais le coeur lourd tout le week-end, le travail m'a aidé à ne pas trop y penser, mais j'avais peur de recevoir un coup de téléphone de mes grands-parents. Je savais que ce n'était pas normal, et que c'était plus grave que ses mauvais jours car elle finit toujours par remanger habituellement.

J'ai pris un rendez-vous chez sa véto lundi après-midi, accompagnée de ma maman. Je savais ce qui n'allait pas, une selle beaucoup trop grosse et dure qu'elle essaye d'évacuer depuis jeudi, en vain. La véto propose de lui faire une sorte de lavement pour aider à l'expulsion, sans garantie, ni que la selle sorte, ni qu'elle recommence à manger si c'est la source du problème. Je savais déjà que cela n'aiderait pas.

J'ai craqué devant la véto. Comment accepter de l'endormir alors qu'elle bouge encore, boit encore, va encore dans ses litières, cherche encore mon contact, miaule encore, et surtout ronronne encore... Je me disais qu'elle avait encore envie de vivre, mais jusqu'à quel dégré de souffrance. La vétérinaire nous a alors expliqué que les chats ne lâchent pas, même dans un état plus que critique. Les chats qui meurent naturellement représenteraient que 5% parmi la clientèle de la clinique véto. Alors j'ai compris qu'elle ne lâchera pas avant moi, elle l'aurait déjà fait sinon. C'est une question de jours, voire une ou deux semaines. J'attendais de la véto qu'elle me guide, et elle l'a fait, sans détour. Elle sait ce que j'ai fait pour O'maha et m'a clairement dit que j'en avais fait beaucoup. Elle va mourir, et il faut que je l'aide de cette manière pour ne pas qu'elle souffre, c'est la seule aide possible, et il ne faut pas attendre, c'est le moment.

Je ne l'avais pas encore accepté, alors nous sommes reparties. De retour à la maison, O'maha est surtout restée prostrée dans sa caisse, elle a du essayé de faire une fois mais rien n'est sorti. Elle a bu plusieurs fois, puis elle est quand même allée sur mon lit pour la soirée et une partie de la nuit.

J'en ai parlé toute la fin d'après-midi avec ma maman, et j'ai accepté de l'accompagner, ne la reconnaissant plus finalement. Même son regard avait changé. Et j'avais en tête le 31 décembre, nous ne serons pas là, et je ne pouvais accepter de la savoir dans un tel état, seule, avec mes grands-parents, mais loin de moi.


Cela fait quelques temps que je sais qu'elle est en fin de vie. J'ai cru plusieurs fois que c'était la fin, alors je lui faisais des adieux, mais elle était toujours là. J'y croyais sans y croire. Et puis d'un coup, sans prévenir, l'appétit a disparu et elle s'est dégradée très rapidement. Son coryza n'a jamais été aussi virulent que durant ces quelques jours, plus je lui nettoyais son petit museau tout crevassé, plus elle sécrétait, c'était impressionnant.

Une fois accepté, je me sentais soulagée. C'était devenu trop dur, trop lourd à supporter seule, tout en étant installé dans le quotidien, c'était routinier, mécanique. Il y avait que les moments au lit lors où je la retrouvais.

C'était devenu trop pesant mais je refusais de penser à cette décison pour mon "confort" si elle avait encore de l'appétit.
J'ai eu le temps de m'habituer à sa veillesse, à sa dégradation physique, et à son départ, même si je ne voulais pas prendre cette décision. C'est le traumatisme de l'agonie de Chensy qui m'a fait peur. Pourtant, elle s'est dégradée tellement rapidement en seulement quelques jours, tout s'est amplifié. Cette décision n'était plus si difficile à prendre en comparaison de son état.


La décison étant prise, je lui ai parlé hier, je lui ai dit au revoir au lit, dans les sanglots. Cela m'a en quelque sorte libéré, et aujourd'hui, c'était comme si elle n'était déjà plus là.
J'avais peur que cela arrive à un mauvais moment, mais tout s'est bien passé, nous étions là pour l'accompagner, c'était le bon moment, c'est ce que je souhaitais pour elle. Ma maman a même vu des signes dans la journée.
Je voulais assister à son départ à la clinique sans perdre mes moyens et ce dernier au revoir d'hier a beaucoup aidé.
Sa vétérinaire nous a pris alors qu'elle n'avait pas de consultation cet après-midi. On a pris le temps de le faire bien.
Nous sommes reparties avec elle et nous l'avons installé dans le jardin, non loin des rosiers de Grisou et Chensy.
Ce soir, sa présence manque, on la cherche, on cherche ses bruits de pattes sur le parquet, ses éternuements, ses miaulements. On ressent un manque, un vide. Le Trio n'est plus.

Cela fait plus de deux ans que je m'occupe d'elle quasiment à plein temps, et notre rituel des câlins du soir était bien installé, comme une berceuse.


Bon voyage O'maha, et merci pour cette si belle relation que nous avons développé au fil des années. Tu as été incroyablement forte, pourtant ce coryza t'a bien malmené, et puis l'insuffisance rénale s'en est mêlé... tu vas manquer au soleil, à notre lit, tu vas me manquer.
Nous avons vécu ce que nous avions à vivre pendant 13 ans, c'est une belle et longue page qui se tourne.

Demain, elle aurait fêté ses 18 ans et demi, plus de 90 ans.

7 commentaires:

  1. Plein de pensées pour toi, tu as tout fait, O'maha aussi, n'ai aucun regret. Elle est à coup sûr au paradis des poilus à l'heure qu'il est, avec des retrouvailles à fêter.
    courage

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    1. Merci beaucoup Mathilde. Tu as raison pour les retrouvailles, avec ses premiers compagnons de vie :)
      On a l'impression de l'entendre, ou de la voir lorsque notre regard se pose sur mon lit. C'est surtout une drôle d'impression, que je n'avais pas connu encore. Tant d'années laissent des marques c'est certain, mais je crois surtout ces dernières années, à cause de ses maladies, et parce que j'ai passé beaucoup de temps avec elle depuis que je suis revenue à la maison.

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  2. Au revoir o'maha,tu as vraiment tout fait pour l'accompagner, et malheureusement, ça ne pouvait pas aller en s'arrangeant. Tu as pris la décision avant qu'elle ne souffre. 18 ans, 13 ans de vie commune, dont ces dernières années plus difficiles, c'est une belle vie et tu étais là pour elle.
    Je pense bien à toi et à elle.

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    1. Merci titite, tu sais comme tes mots sont toujours importants pour moi, toujours justes...
      <3

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  3. Oh je suis désolée de ce qui arrive, mais c'était malheureusement le moment...Ta photo est un bel hommage. Elle a perdu ce corps qui s'usait. Tu as été là, et c'est très bien que tu aies pu l'accompagner. Je t'embrasse, et je t'apporte tout le réconfort possible. C'est tellement dur !

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    1. C'était l'heure, oui. La tristesse en a été atténuée, je ne garde que les bons moments, et je tourne la page avec tout ce qui la caractérisait. C'est un autre quotidien désormais, beaucoup plus calme et plus léger...
      Merci Christine, je t'embrasse à mon tour et te souhaite un bon Réveillon !
      😘

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  4. Je crois avoir oublié de signer, mais tu m'auras reconnue..Li-lou

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